LE CUIR ET LE PARCHEMIN

Frédéric Dumas et
Christian Michel

Frédéric DUMAS
Christian MICHEL

Vendredi 30 janvier 2009

Le cuir de A à Z.

Au cours de cette soirée dans le cadre des rencontres des " passionnés " de la Vanaude, Christian Michel, (cliquer pour lire son exposé) directeur technique puis chef d'entreprise en tannerie à Annonay, de 1960 à 2000, sera l'un des intervenants.
Outre l'historique des tanneries durant cette époque à Annonay, la place de la tannerie dans le monde et son évolution, l'accent pourra être mis sur la technique du cuir, c'est-à-dire sur les procédés de fabrication permettant de passer de la peau brute sortie de l'abattoir jusqu'au cuir servant de matières premières à la fabrication de chaussures, la maroquinerie, le vêtement, ...

L'autre intervenant sera Frédéric Dumas. (cliquer pour lire son exposé)
Artisan ayant repris l'entreprise dans la famille depuis plusieurs générations, il présentera le côté parchemin et la situation actuelle de la tannerie dans le bassin.
Il donnera également des indications sur la mise en place d'un musée du cuir à Annonay.

Nouvelle soirée sur le savoir faire local et ancestral, sur les métiers qui ont fait la fortune du bassin économique, avec deux passionnés d'un secteur économique souvent mal connu.

Soirée gratuite à l'Annexe, Place des Droits de l'Homme, à côté de l'église, vendredi 30 janvier 2009, 20 heures 30.

Le cadrage
Le découpage

Le Parchemin : Fabrication et Usages

1 - INTRODUCTION

Bonjour,
Avant de prendre la parole, je tiens à remercier les organisateurs de cette soirée. Elle est la manifestation d'un partenariat qui je l'espère ne fera que s'amplifier et se bonifier au fil des années à venir.

Je me présente donc, je m'appelle Frédéric DUMAS, je suis gérant de la Sarl Marcel DUMAS et Président de l'association les Amis Du Parchemin et du Cuir, l'ADPC.
Mon intervention a pour objet de vous faire connaître en résumé l'histoire de cette Sarl et les objectifs que je poursuis.
Afin d'illustrer concrètement cela nous parlerons fabrication et usages du parchemin en introduisant l'Espace Du Parchemin et du Cuir, L'EDPC, qui sera un formidable outil de longévité à la matière PARCHEMIN

Marcel Dumas, né en 1895, est ouvrier palissonneur (ouvrier très qualifié dans le travail des peaux, il est chargé de malaxer et d'assouplir la peau en fin de tannage afin d'en tirer la quintessence. Les ouvriers palissonneurs se transmettaient leurs charges de père en fils, constituant une caste privilégiée, ayant son propre syndicat et socialement située au dessous des contremaîtres) jusqu'en 1926, dans diverses sociétés d'Annonay (07), grande ville du cuir à l'époque. Il crée cette année là, Rue des Aygas, à Annonay sur les bords de la Cance, la société Salabelle & Cie, en association pour dix ans avec Mr Salabelle. Pendant cette période, la société fabrique uniquement du parchemin, destiné surtout à l'usage des musiciens et des orthopédistes. Le 1er Août 1936, Marcel Dumas crée sa propre affaire, la Société Marcel Dumas & Cie, en association avec Mr Gaston Fauriat, qu'il connaît en tant que réceptionnaire de peaux (il se déplace pour trier des peaux brutes dans les abattoirs ou chez des collecteurs de peaux brutes, pour les besoins d'une ou de plusieurs entreprises) de la société Escabas à Grenoble. Ils s'installent dans un ancien tissage situé au cœur d'Annonay, 2 La Combe du Prieuré. A la mort de Gaston Fauriat en 1945, sa femme, Mme Lucienne Fauriat, prendra sa suite au sein de la société. A partir de 1946, André Dumas, fils de Marcel, intègre la société en tant qu'ouvrier, puis prendra sa suite en 1963. Il deviendra seul actionnaire en 1976, en rachetant les parts de Mme Fauriat. La récession en matière de demande de parchemin va l'obliger à orienter la société vers d'autres fabrications, tout en maintenant cette activité, puisqu'il est seul fournisseur de parchemin pour les tambours de la Garde Républicaine. En 1955, il imagine, crée et développe le tannage de peaux dont le poil ou la laine ont été conservés, donnant naissance à ce que l'on appelle de nos jours les peaux de décoration. L'engouement pour ce genre de produit va induire tout d'abord la copie par les concurrents, puis la fabrication à l'étranger. Peu à peu, la Société Marcel Dumas & Cie va glisser vers une activité d'importation. Frédéric Dumas, moi-même, travaille dans la société depuis 1987, suite à des études scientifiques à l'Ecole du Cuir de Lyon. En 1996, quand je prends la succession de mon père André Dumas, la production de parchemin ne représente plus que 5% de l'activité. En 1999, suite à plusieurs demandes occasionnelles de visites, germe l'idée de l'ouverture de la parcheminerie au public, que je développe avec l'aide de Geneviève Fauriat-Sénéclauze, l'une des filles de Gaston et Lucienne Fauriat. Après une mini expertise puis une étude de faisabilité par un cabinet privé, des travaux de rénovation et de mise en conformité aux normes de sécurité préconisées pour la visite du public sont effectués dans l'usine. En 2007, le projet a fait son chemin et s'est enrichi de deux bâtiments accolés à l'usine, l'un destiné à un usage muséographique et l'autre à usage commercial. Le permis de construire est obtenu. Dans le même temps, en 2003, après avoir développé l'activité de décoration, Frédéric décide de relancer la production de parchemin, mais destiné à des usages plus fins que la peau de tambour. Après une formation chez un confrère parcheminier, Jean-Pierre Bavouzet, installé à Levroux (36) depuis plusieurs générations, il rachète son savoir-faire et sa clientèle en 2004, à son départ à la retraite. En France, les parcheminiers ne se comptent plus que sur les doigts d'une main.
A ce jour, l'activité " parchemin " représente environ 17% de la Société Marcel Dumas & Cie, et ne cesse de croître. Les usages qui en sont faits seront développés dans la suite de la causerie. Mon objectif, ainsi que ma compagne Josiane Aubert, est de finaliser le projet d'ouverture de la parcheminerie au public fin 2009, avec l'ADPC et l'EDPC.


2 - DEFINITIONS ET MISES AU POINT
Le parchemin est obtenu à partir de peaux d'animaux, sans restriction d'espèces, mais les plus couramment utilisées sont celles d'ovins, de caprins et de bovins. Parmi les bovins, les plus prisées sont celles des veaux morts nés qui permettent de produire un parchemin très fin, dénommé vélin. Il est courant d'entendre parler en imprimerie de papier vélin ou de vélin. Ce terme est passé dans le langage courant pour désigner un papier de qualité, mais j'insisterai sur le fait qu'il est employé à tort puisque le parchemin n'est jamais obtenu à partir d'espèces végétales.
De même, en papeterie, on trouve des supports appelés papier parchemin ou parchemin végétal, qui en copient l'aspect veiné ou la translucidité mais qui ne sont en fait que du papier ou du calque.

D'autre part, on entend souvent dire que le parchemin est tanné ou semi tanné. Il n'en est rien, car si l'on considère la définition du tannage, cette opération consiste à fixer des molécules de tanins à celle du derme et rendre ainsi la peau imputrescible ; nous verrons lors de l'explication de la fabrication du parchemin qu'il n'y a jamais mise en contact avec des tanins. Le terme exact est de dire que la peau est parcheminée mais pas tannée.

3 - FABRICATION
Le parcheminier commence par acheter des peaux brutes. L'approvisionnement se fait soit directement auprès des abattoirs ou des volaillers, soit par l'intermédiaire de collecteurs de peaux brutes qui auront déjà classé les peaux par catégories, taille ou poids, et qualité.

Les peaux brutes achetées sont sous forme déshydratée, soit par salage, soit par simple séchage. Elles vont subir les opérations suivantes qui sont communes aux différentes branches des métiers du cuir comme la mégisserie et la tannerie.

La totalité des opérations a duré de un mois à un mois et demi.

Stockage des peaux finies
Il ne reste des peaux brutes que le derme, qui a un aspect lisse, plus ou moins blanc, plus ou moins translucide, d'épaisseur de 0,1 à 3,5mm suivant l'espèce et l'âge de l'animal, et d'une solidité à toute épreuve.

On peut toutefois encore distinguer d'une part la partie externe de l'animal appelée côté fleur, par le dessin laissé par l'implantation des poils appelé grain, qui est caractéristique de l'espèce et d'autre part le côté interne appelé côté chair qui est toujours plus velouté et plus clair que l'autre du fait que les fibres de collagène y sont moins resserrées.

Le parcheminage n'est pas irréversible puisque l'on peut de nouveau mouiller un parchemin et le tanner

4 - USAGES

Conclusion :

Faire connaître le parchemin en lui même en tant que matière.
Faire connaître ses utilisations, évidentes et moins évidentes.
Sauvegarde du savoir faire avec formations.

Informer le plus grand nombre de personnes de la création de la galerie du parchemin.

Sommet de page

LES TANNERIES ANNONEENNES

I - TECHNIQUE TANNERIE : Quelques Notions

Matières premières de la Tannerie : Toute peau animale, mais en particulier la vache, le veau, le chevreau et l'agneau.
Avant l'arrivée à la Tannerie: les animaux sont dépouillés de leurs peaux à l'abattoir et après ce travail, il faut "conserver" ces peaux, c'est à dire empêcher leur putréfaction, compte tenu que tant qu'elle n'est pas tannée, toute peau est putrescible. Le procédé consiste essentiellement à dessécher la peau, car les bactéries de la putréfaction ne "mangent" qu'en milieu suffisamment aqueux. Ce séchage est obtenu par assèchement réel de la peau (ce qui est encore le cas pour les petites peaux et dans les pays lointains - peaux plus légères, donc diminution du coût de transport) ou par salage (le sel chasse l'eau de la peau et l'aseptise) ce qui est le cas en France, particulièrement. Sous condition d'être stockées au frais, les peaux peuvent être conservées ainsi sans dommage plusieurs mois.

1) Travail de rivière: (3 jours environ).
Le mot " rivière" provient du fait que, dans le temps, on utilisait souvent directement l'eau des rivières pour ces différents travaux. Le tanneur doit laver les peaux (avec de l'eau principalement) pour éliminer les souillures et le sang et redonner à la peau son taux d'hydratation normale qu'elle a donc perdu durant la conservation. C'est le travail de trempe ou reverdissage, nécessaire pour que la peau puisse à la suite subir des opérations d'ÉPILAGE (enlever le poil) et de PELANAGE (préparation chimique de la peau à la possibilité d'être tannée)). Ces 2 opérations se font en milieu fortement basique, donc à PH élevé, dans des foulons ou des coudreuses. Entre la trempe et l'épilage-pelanage, les peaux sont "EGRAMINÉES ", c'est à dire" ÉCHARNÉES" dans une machine qui mécaniquement arrache, coupe les chairs.
- Dès la sortie du bain de pelanage, les peaux sont refendues ; cette opération mécanique amincit la peau par sciage dans son épaisseur, en deux parties: la partie inférieure, côté chair, s'appelle la croûte et la partie supérieure, côté noble, s'appelle la fleur: elle est donc composée du derme exclusivement.

2) Travaux de tannage à proprement parler : (1 journée).
TANNER consiste principalement à donner à la peau un caractère d'imputrescibilité, et ce de manière irréversible
Tannée, une peau peut, sans dommage, subir les agressions des intempéries, garder sa souplesse, même une fois séchée.
L'opération consiste à lier entre elles les fibres constitutives du collagène avec des produits tannants (le "tan ") dont le principal est le " CHROME ", ou plus exactement des sels basiques complexes de chrome. On peut aussi utiliser des extraits végétaux (quebracho, chêne, châtaignier, sumac, myrobolan etc ... ) pour la fabrication de cuir à semelle essentiellement.
L'opération elle-même de tannage est précédée par le DÉCHAULAGE (abaissement du PH) le CONFITAGE (action d'enzymes pour digérer partiellement les fibres élastiques de la peau et lui donner sa souplesse future) le PICKLAGE (fort abaissement du PH car le tannage au chrome subséquent doit commencer en milieu fortement acide). Le TANNAGE AU CHROME se fait en quelques heures et se termine par une BASIFICATION (pour fixer solidement dans la peau le chrome introduit dans la peau.
Toutes ces opérations durent environ 8 heures et se font en FOULON.

3) Opération mécanique "en bleu" : (2 jours).
Le terme " en bleu" (en anglais "wet-blue ") provient du fait qu'après tannage au chrome, la peau a cette couleur.
- L'ESSORAGE, pour diminuer le taux d'humidité, à l'aide de machines à cylindres garnis de feutre ou plus souvent maintenant de tapis de feutre en continu entre lesquelles les peaux passent et sont pressées.
- LE TRIAGE des peaux, leur sélection: c'est à ce stade que l'on peut faire une première opération commerciale d'orientation des peaux en fonction des demandes des clients.
- LE DÉRAYAGE : amincissement précis des peaux pour leur donner la cote précise d'épaisseur désirée. L'opération se fait mécaniquement à l'aide de machines à cylindre à lames coupantes qui rabotent la peau très précisément.
Remarque : parfois, l'on fait précéder le dérayage d'un refendage en bleu ; c'est surtout le cas des peaux qui n'ont pas subi de refendage "en tripe" (juste après pelanage) ; il s'agit alors d'articles fleur de moins haut de gamme, mais cela permet d'obtenir des croûtes exploitables (en article velours ou fausse fleur pour la chaussure ou la maroquinerie).
-Les peaux sont ensuite ÉBARBÉES (au ciseau) pour éliminer les "pendeloques" autour de la peau et supprimer certaines déformations qui gêneraient la bonne mise à plat future.

4) Teinture - Nourriture : (1 journée).
Les peaux sont traitées en foulon pour les opérations de teinture (donner à la peau sa couleur) et nourriture (donner à la peau sa souplesse et son toucher, par introduction d'huiles dites de nourriture, huiles naturelles (pied de bœuf par exemple) et surtout synthétiques. Ces opérations se font en quelques heures.
Après un repos d'une nuit, les peaux sont essorées sur des machines à cylindres gainés de feutre et étirées pour augmenter leur surface et affiner la fleur; elles sont ensuite pré séchées sous vide (machines à plateaux d'acier finement poli) pour affiner encore la fleur et fixer la dimension de la peau grâce à la sèche subséquente qui vient de suite après.

5) Séchage - Corroyage : (3 journées).
Ce séchage se fait dans un tunnel où les peaux entrent et sortent, subissant une ventilation d'air tiède. Le taux d'humidité des peaux, qui était de 80%, passe alors à environ 12%.
Après un repos d'au moins une journée (dit " séjour en croûte ") pour que leur taux d'humidité s'égalise avec celui de l'air ambiant, les peaux sont légèrement humidifiées (25% environ) puis CORROYÉES, c'est à dire assouplies (opération de PALISSONNAGE) et mises à plat sur les cadres (les peaux sont étirées et accrochées avec des pinces dites de CADRAGE qui les maintiennent étirées durant un temps d'environ 45 minutes pour les amener à un taux d'environ 10% d'humidité.

6) Finissage : (3 à 6 jours).
Le FINISSAGE consiste à faire subir à la peau un certain nombre d'opérations mécaniques et d'application de produits chimiques liquides sur la fleur. Le but est de donner à la peau son aspect définitif, sa couleur finale et son toucher. Les produits chimiques (principalement à base de caséine et résines acryliques) sont appliqués sur le cuir principalement par pistoletage et rouleaux encreurs. Les opérations mécaniques sont réalisées à l'aide de :
- MACHINES À BRILLANTER: presses à plaques lisses, lisser (rouleaux de verre venant frotter fortement sur la fleur des peaux) et SATlNEUSES (rouleaux lisses chauds ou cylindres feutres à brillanter).
- MACHINES À LIÉGER pour assouplir un peu la peau, lui donner une "bonne main" et surtout un grain de fleur beau et régulier.

7) Magasin de peaux finies.
Sorties de fabrication, les peaux sont triées, classées en fonction de leur qualité, puis mesurées et marquées de leurs surfaces, grâce à des machines à tapis de fils.
Le tanneur vend ses peaux à la surface, exprimée en dm2 et en pieds carrés (mesure anglaise: 1 pied carré valant 9,29 dm2).
Le client vient examiner ses peaux, les " réceptionnent" avant qu'elles lui soient expédiées ... La destination des peaux est principalement la chaussure et la maroquinerie mais peut aussi être le vêtement et l'ameublement.

REMARQUES :
- Le personnel employé en tannerie est généralement masculin pour les travaux dits humides (du travail de rivière à la sèche) et féminin ou masculin pour les opérations en milieu sec (corroyage finissage).
- Au fil du temps, la productivité s'est sensiblement accrue par mécanisation, nouvelles technologies, automaticité et enchaînement d'opérations. En 2008, il faut 4 à 5 fois moins de personnes qu'en 1960 pour traiter le même nombre de peaux.

II - HISTORIQUE

Dans les années 60, deux entreprises importantes de tannerie sont implantées depuis longtemps à Annonay. Les Ets Eugène MEYZONNIER et les Ets COMBE représentent environ 1500 salariés dans les années 1960/1965 ; la principale unité des Ets COMBE qui était à Saint-Denis, près de Paris, avec environ 1000 personnes se décentralise à Annonay donnant lieu à l'édification de bâtiments, actuellement exploités par la TANNERIE D'ANNONAY (seules, quelques personnes d'encadrement quittent Paris, pour Annonay).
- A côté d'elles, une entreprise importante, mais de taille plus modeste, les Ets DELDY, emploie environ 80 personnes.
- Ces entreprises, prospères, vont connaître le même déclin que leurs consoeurs françaises et européennes, au fur et à mesure que les pays émergents se mettent à travailler eux-mêmes les peaux issues de leurs propres cheptels, jusqu'alors exportées en brut en Europe. Ces pays, à coût de main d'oeuvre très sensiblement inférieur aux nôtres, incitent leurs industriels dans cette voie en leur distribuant d'importantes aides à l'exportation (Inde, Pakistan, Chine etc .... ).
- En 1970, fusion des Ets COMBE et MEYZONNIER avec les Tanneries au PUY et les Tanneries de BORT LES ORGUES (Corrèze) pour former les "TANNERIES FRANCAISES RÉUNIES" (T.F.R), première entreprise française de tannerie, avec environ 3000 personnes (dont 1000 à Annonay). Le siège social est au PUY (PDG Monsieur Maurice Pierre SIDEM).
- En 1974, faillite de T.F.R. À Annonay, occupation de l'usine par le personnel, sous l'égide des 2 syndicats CGT et CFDT. Cette occupation, durant laquelle l'outil de travail est maintenu en bon état de fonctionnement, dure 1 an. De nombreuses actions sont menées pour attirer l'attention générale et chercher les possibilités de redémarrer.
- En 1975, avec l'aide de la municipalité d'Annonay, une association est créée, l'A.R.T.A. (Association pour la Renaissance de la Tannerie à Annonay) qui, en quelques semaines, donne naissance à une nouvelle entreprise, S.A. à directoire, à capital classique, c'est à dire par apport de capitaux en provenance d'entreprises locales ou régionales, intéressées par la présence d'une nouvelle tannerie (Ets CHARVO, de Grenoble, fabricant de matériels de tannerie; Ets CABOT, de Fougères, donneur de travail à façon; des négociants en peausserie ou des industriels locaux désireux de voir des emplois créés sur Annonay). Ce sont les" TANNERIES D'ANNONAY)}.
En 1983, les tanneries d'Annonay, qui employaient 175 personnes, sont en difficulté et proposent une restructuration avec un licenciement d'environ 100 personnes. Cette perspective n'est pas acceptée par le personnel, ce qui conduit l'entreprise au dépôt de bilan (Octobre 1983).
Nouvelle occupation d'usine et dès la fin de l'année, une nouvelle entreprise voit le jour, appelée "NOUVELLE TANNERIE D' ANNONAY", S.A. classique dont le capital est apporté par les nouveaux 80 salariés (aidés en particulier par l' ÉTAT et la Municipalité d'Annonay).

III - PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS DE LA PERIODE 1960/2010

- Malgré une grosse amélioration de la productivité, la tannerie demeure une industrie très utilisatrice de main d'œuvre. C'est une des principales raisons qui font que l'implantation des tanneries dans le monde a considérablement chuté dans les pays à fort coût de main d'œuvre, au profit des pays émergents (principalement Chine, Inde, Pakistan etc ... ).
- Cette tendance s'est d'autant plus accentuée que ces pays possèdent souvent des cheptels importants (autrefois exportés en brut en Occident) qu'ils ont voulu traiter eux-mêmes, pour mieux occuper leurs personnels et " engranger" des devises fortes.
- Le mérite principal des actions menées à Annonay concernant la tannerie est d'avoir maintenu l'existence de cette profession.
On peut, en effet, imaginer qu'un jour, le "mouvement du balancier" s'inverse (coûts salariaux moins disproportionnés entre pays occidentaux et pays actuellement appelés émergents) permettant à nouveau une exploitation importante chez nous.
- Si rien n'avait été fait, il n'existerait plus de tannerie à Annonay et aucun futur éventuel redémarrage important ne serait possible.
- Ces actions sont d'autant plus méritoires et admirables que la Tannerie actuelle d'Annonay est devenue l'une des plus modernes du monde, au service du luxe sur des matières premières nationales.
A ce jour, cette entreprise fonctionne à satisfaction, grâce en particulier et de gros investissements en matériels et agencements et de gros efforts d'organisation (technique et commercial). Elle traite des peaux de veaux français et créent des articles traditionnels et de luxe, dont environ 30% pour l'industrie du luxe française et 70% pour l'export (Italie, Espagne, Portugal, Hollande, Allemagne, Autriche et aussi l'Asie-y compris la Chine).
-Mégisserie et Parcheminerie. Pour les mêmes raisons que ci-dessus, les mégissiers annonéens (qui traitent les petites peaux d'agneaux et de chevreaux pour la GANTERIE) sont concurrencés par les pays émergents à moindre coût de main d'œuvre. Ils étaient nombreux à Annonay au milieu du XXème siècle, en particulier le long de la Deûme (non couverte à l'époque) sur le site actuel de l'Avenue de l'Europe. La dernière mégisserie, issue de regroupement, était la "CONCENTRATION DES MÉGISSERIES D' ANNONAY" avec Messieurs P ARAT et COURBON, réinstallée dans une partie des ex-locaux Meyzonnier, Quai de Merle, en 1977/78. Cette entreprise a déposé le bilan dans les années 1990.
La parcheminerie, représentée par les Ets DUMAS, tourne toujours, entreprise de petite taille, située à côté de la MJC, fabriquant essentiellement du cuir parcheminé, employé surtout pour les peaux de tambour et le parchemin classique.

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