Rites funéraires
Daniel POUGET

Daniel Pouget, ethnologue, est venu présenter vendredi soir, à Vanosc, ses expériences en matière de rites funéraires dans le monde. "Quand il y a un décès, on utilise souvent les chambres funéraires. Pour moi, c'est un choc. Dans le monde, j'ai vu d'autres manières de procéder", a commencé l'ancien conservateur de musée.

"Mon dernier séjour chez les Inuits date de juillet 2007, c'était mon 25e séjour parmi eux. Ils ont une façon de vivre curieuse et ils pensent la mort de manière différente des autres populations du monde. Il y a 11 mois et demi d'hiver et j'ai vécu à -83°. En décembre, janvier et février, on passe 24h/24 dans l'igloo. Les vêtements industriels sont inefficaces. Les femmes utilisent la peau animale. La couture se fait avec des tendons amincis : elles les mâchent. La seule obligation consiste à dormir tous au même moment, nus et emboîtés les uns aux autres. Une heure avant le réveil des hommes, les femmes s'emparent des peaux animales et les mâchent pour les assouplir. A 25 ans , leur dentition est presque perdue, à 40-45 ans, les gencives, qui ont pris le relais, sont usées. Quand elles ne peuvent plus mâcher, elles se suicident en choisissant une peau sur laquelle elles s'assoient sur la banquise. Les messieurs sont chasseurs et pêcheurs. La difficulté est majeure au printemps à cause du soleil. Ils fabriquent des lunettes avec une pierre épaisse, du bois de flottage ou des ossements de baleines. Elles font 3-4 cm d'épaisseur. On y perce une fente mince. Vers 50 ans, ils sont aveugles donc se suicident. Un défunt est veillé 3-4 jours. Son nom sera récupéré et réattribué au prochain enfant qui naîtra. Les croyances sont chamaniques. L'esprit ne meurt jamais, les esprits se poseront sur un des 7 ciels, moyen d'atteindre le 7e ciel."

Astrid Acevedo
pour Le Réveil du Vivarais


Daniel Pouget, éthnologue

J'ai été conservateur de musée très longtemps et avant, j'ai été universitaire. J'ai commencé mon parcours d'éthnologue chez les inuits. J'ai été missionné un peu partout dans le monde entier. Ce soir nous allons faire un tour du monde des traditions autour de la mort.
Pourquoi la mort ? parce qu'elle fait partie de la vie et elle m'a intéressé dans ses traditions car aujourd'hui je ne suis pas d'accord avec ce qui se passe. Quand il y a un décès, on utilise souvent les chambres funéraires. Pour moi, c'est un choc, car c'est le dernier contact qu'on a avec une personne. Dans le monde, j'ai vu d'autres manières de procéder, c'est ce que je veux partager avec vous.
Pour parler de la mort, il faut parler de la vie.

Grand Nord, région arctique, Inuits
Ils ont une façon de vivre particulière, curieuse donc la mort est pensée de manière différente des autres populations du monde.
Avant on les appelait " esquimaux ", nom donné par leurs voisins et cousins germains Indiens, qui signifie littéralement : mangeur de viande crue. Ils ont choisi leur nouveau nom qui signifie " hommes " : inuits
Mon dernier séjour date de juillet 2007, c'était mon 25e séjour parmi ces populations.
Les conditions de vie sont très rudes : il y a 11 mois ½ d'hiver et on atteint difficilement 0° en été. J'ai connu les -83° en hiver.
Je vais parler du passé, de ces 25 dernières années. Le peuple a été aujourd'hui sédentarisé souvent contre son gré (les différentes nations qui les occupent en sont responsables).
C'est un peuple nomade chasseur et pêcheur.
Le cercle arctique est constitué de russes, groenlandais et canadiens.
En décembre, janvier et février, on passe 24h sur 24 dans l'igloo.
Les vêtements industriels sont inefficaces. Anorak et parka sont des mots inuits entrés dans notre langage.
A -50°, le fil industriel ne résiste pa. Les femmes utilisent la peau animale (phoque, caribou, chien). Le chien est très utilisé car sa peau est la plus chaude, il sert aussi à tirer des traîneaux.
La couture se fait avec des fils réalisés à partir de tendons de caribou, de rennes.
Ils sont amincis avec les bouches des femmes : elles mâchent, elles mâchent, elles mâchent.
Un défaut : la peau durcit quand on n'est pas en mouvement. Pendant la nuit tout le monde quitte ses vêtements. Il fait -5° dans l'igloo.
On mange quand on a faim, on boit de la neige quand on a soif. Il y a une seule obligation : dormir tous au même moment.
Paul-Emile Victor appelle les igloos les cathédrales de glaces car ils communiquent par des couloirs.
La peau animale s'use très vite.
On dort sur des peaux, tout le monde est nu et on s'emboîte les uns aux autres pour 7 ou 8 heures. Une heure avant le réveil des hommes, les femmes s'emparent des peaux animales et les mâchent pour les assouplir.
Les femmes perdent leurs dents très vite. A 25 ans , la dentition et presque perdue, à 40-45 ans, les gencives, qui ont pris le relais, sont usées.
Quand les femmes ne peuvent plus mâcher, elles se suicident. Elles choisisssent la peau qu'elles préfèrent et s'assoient dessus sur la banquise. Quand on retrouve le corps gelé, on lui donne une sépulture, un tas de pierres, une grotte. On peut pas creuser.
Les messieurs sont chasseurs et pêcheurs. Dans ces conditions, c'est pas facile. La difficulté est majeure au printemps acr le soleil est dangereux. Des rayons obliquent frappent la glace qui frappe celui qui regarde. Ils fabriquent des lunettes avec une pierre épaisse (stalactite ?), ou du bois de flottage ou des ossements de baleines. Elles font 3-4 cm d'épaisseur. On y perce une fente mince pour éviter de devenir complètement aveugle en 2-3 secondes. Certains commettent parfois des imprudences et ôtent leurs lunettes. Ils ont de graves problèmes de vue. Vers 50 ans les hommes sont aveugles donc se suicident.
L'enterrement : les défunt sont veillés 3-4 jours.
L'homme sera accompagné de ses vêtements et instrument de chasseur pêcheur. Les femmes seront entourées de leurs instruments de coutures (leurs dents ? haha) et de ce qu'elles ont aimé pendant leur vie.
On ne sort pas le défunt par une porte qu'il a franchi de son vivant. On perce le mur d'en face. On peut déposer le corps qui sera mangé par les oiseaux.
Le nom de la personne sera récupéré et réattribué au prochain enfant qui naîtra. Les croyances sont chamaniques. L'esprit ne meurt jamais, les esprits se poseront sur un des 7 ciels, moyen d'atteindre le 7e ciel.
Repérez l'étoile d'Orion pour atteindre le 7e ciel.
Certains vivent en terre stérile, d'autres cousins vivent en forêt.

Les indiens d'amérique du nord, cousins germains des inuits et ennemis jurés sont séparés par des saules arctiques.
A 6-7 ans, les garçons doivent partir seuls dans la forêt où il y a entre autres, des grizzlis, et faire une capture (saumon, oiseau) qui peut prendre plusieurs jours. Il rejoint alors son village. Son père aura fait couper un grand sapin sur lequel un sculpteur immortalisera cette 1e capture. Il sera mis devant la maison de l'enfant. Chaque année, l'enfant retourne à la chasse et on complète la sculpture qui deviendra un totem.
A la mort, le totem est transporté dans un champs prévu à cet effet. Le totem représente la carte d'identité, la liste des exploits.
Un champs de totem est très impressionnant.
Les corps sont entraînés dans les hauteurs de la région pour qu'ils soient plus près des esprits du passé.

Amérique centrale, Mexique
Depuis les invasions espagnoles, les mexicains sont très catholiques. A la Toussaint, très tôt la matin, la famille prépare le repas sur la tombe du défunt. Calaveras : statuts en sucre qui représente le défunt. Et pourra être consommé pendant l'année.

Amérique du sud
Dans la cordilère des andes on vit au-dessus de 4-5000 mètres, c'est pas facile, plus on monte, plus l'oxygène fait défaut.
Sorosh : difficulté respiratoire par manque d'oxygène.
L'aéroport de la Paz, en Bolivie, est à 4000 mètres.
En hauteur, il ne faut pas se précipiter, faire trop de mouvements.
Leur température corporelle est de 34°, leur corps bat plus lentement que nous.
Ils se soutiennent en permanence pour vivre et utilisent des feuilles de coca. Ils ont une (gogne) joue beacoup plus grosse que l'autre, pleine de feuilles de coca.
Parfois ils en mâchent trop et tombent dans le coma, presque léthargique. On sait plus 'ils sont vivants ou morts. Comme les croque-morts, le sorcier du village vient mordre un gros orteil. Si aucune récation, on considère la personne morte. Alors que ce peut être un coma léthargique.
Une veillée (rapide à cause des épidémies) puis un enterrement suivent. Le cercueil est modeste, fait de planches clouées). Ils n'ont pas de moyens. Les morts sont transportés sur des chemins caillouteux. J'ai assisté au réveil d'une femme qui s'est réveillée sur ce chemin bosselé et a frappé au cercueil. Les porteurs ont tout lâché et le cercueil est tombé en morceaux. Tout le monde a fui, sauf moi, pour revenir avec des gourdins. Cette fois, ils ont pu l'enterrer.

Voyage à la Cordillère des Andes : choisir la semaine de pâques. Il n'y a pas d'hôtel, on dort tous dans 15m2 dans des maisons en paille, bois etc.
Le vendredi saint
Du jeudi au vendredi,
A 2h du mat : les enfants hurlent car ramassent leur raclée de l'année par leurs mères. " c'est pour aider le Christ à souffrir sur la croix " expliquent-elles. Ça dure ¼ d'heures.
A 5h du mat c'est le tour des animaux domestiques (canards etc) " c'est pour aider le Christ à souffrir sur la croix "
Ensuite elles sortent tout ce qu'il y a dans la maison, font l'unique ménage de l'année, mettent de la chaux sur les murs pour désinfecter.
A 11h tous les habitants se précipitent à l'entrée du village où des missionnaires ont mis une énorme croix. Des hommes et femmes s'accouplent en public pour faire un enfant du vendredi saint " l'enfant de la croix " qui aura un caractère sacré au village.
15h tout le monde va devant l'église, le curé sort avec une grande croix en bois. Les habitants se mettent à genou, front contre terre. Chacun sort une aiguille (type à tricoter, 20 cm ?) et pique le derrière qui est devant. Seul à crier : moi.
A 8000m vivent les condors. Leurs ailes peuvent faire 2m de chaque côté On coud ses pattes sur le dos d'un taureau vaillant. Il se débat et abîme le taureau qui hurle. Après le condor doit s'en retourner sinon le village craint un malheur et le taureau est mis dans une arène où les vieux sont au premier rang, volontairement. Ça peut faire 20-30 morts par village.

Amazonie
Quand y'a un mort on fabrique un filet dans lequel on le met en position fœtale. Hissé en haut d'un arbre, il se fait manger par les rapaces. On récupère les os qu'on empile comme une bibliothèque (carbets) on sait à qui sont lesquels.
Indiens d'Amazonie :
Ils m'ont testé :
-observé pendant 10 heures. Il faut rester stoïque, ils testent la résistance nerveuse pour savoir s'ils peuvent nous amener à la chasse dans la forêt amazonienne.
Le sol est pauvre car le soleil pénètre pas.
Y'a beaucoup de bêtes qui piquent et grattent.
-2e éapreuve : la douleur. Le sorcier a fabriqué une vannerie plate dans laquelle il a mis tout ce qui pique et gratte comme des fourmis ( 5 fois plus grosses que les notres), des guêpes etc Il a secoué. On me demande d'enlever mon tee-shirt et on me pose la vannerie sur le torse. Je suis tombé dans les pommes. Réveillé avec un sceau d'eau. Les enfants se moquaient. J'ai dû repasser l'épreuve le lendemain, avec succès.
La dose de venin m'a immunisé, je n'ai plus été piqué. Tous les ans, à la même date, une plaque rouge apparaît sur mon torse depuis 25 ans.
-3e exp à la boisson. Préparée par les femmes du village à partir des racines du manioc qui sont poison. Les racins décantent dans des pirogues, le poison remonte et est ôté. Les racines sont mâchées par les femmes et remises dans les pirogues. Quand ça a bien macéré le cashiri est prêt. Chaque homme boit un litre, je ne l'ai pas bu en entier. Les hommes boivent 30-40 litres de ça par jour, c'est alcoolisé à 5°, ils sont ivres morts.

Océanie : archipel de Trobrille
1914 " les argonautes du pacifique " de l'anglais Malinski, le seul à ne pas faire ses étrudes en bibliothèque à l'époque. C'est le livre de chevet de l'éthnologue.
1980 Je suis allé sur cet archipel, les choses n'avaient pas changées.
Fêtes du Laminamala se passe sous le matriarcat
Il n'y a pas d'argent sur ces îles.

Archipel les nouvelles ébrides
Ouanmatou
Ile malikolo

Nouvelle Guinée
La baliemriver (vallée)
800 éthnies
les Damnis :
20 femmes pour un homme , les nouveaux nés garçons meurent plus

Malgaches
Il y a des devins-guérisseurs-sorciers

Indonésie
34400 îles
île de Bali
crémation
toutes les richesse réunies
" tu retournes aux flots créateurs qui t'ont donné la vie "

Sulavisic
Ile
Les toraja
On prépare le corps à une longue conservation
Certaisn attendent 20 ans dans la pièce principale de la maison, leur enterrement.
Le corps se momifie par la chaleur de la maison.
On sacrifie des buffles le jour de l'enterrement
L'esprit du buffle sera porteur de l'esprit du mort
Un buffle c'est une tonne de viande
J'ai assisté à un enterrement, 5 ans après le décès, où 25 buffles soit 25 tonnes de viande avaient été sacrifiés
Corps sont mis dans un cercueil
Un trou est creusé dans la falaise pour l'accueilli. Une sculpture en bois grandeur nature représente le défunt avec des habits à lui. Les yeux sont faits de coquillage c'est très réaliste. Les étendues de ces sculptures sont impressionnates.

Chine
J'ai fait de l'archéologie en Chine où ils savent mieux que les égyptiens conserver leurs morts
En Egypte ils utilisent du sel de napron et enlèvent les viscères, en Chine, ils ôtent le sang qu'ils remplacent par autre chose ;
Ce sont 2 sortes de momification. En Chine ça date d'au moins 1300 ans. Aujourd'hui la population est trop nombreuse pour cela.

Tibet : se débarassent au plus vite de leurs morts. Les vautours les mangent dans la monragne en 4-5 heures. Les familles récupèrent les os le soir et les mettent avec les autres de la famille

Inde
Crémation
Bois santal, y'en a toujours à la maison
Si l'homme meurt, sa veuve se jette dans le bûcher, elle se fait " sati "

Tuaregs etc :
-musulmans (majoritaires aujourd'hui)
-animistes

Les deugonds, éthnie du Mali
Quand y'a un mort c'est très bruyant, il y a des pleureuses
Le Silli : anniversaire de tous les morts des 60 dernières années, qui peut durer plusieurs mois. Fait tous les 60 ans.

Inuit langue très facile au vocabulaire très pauvre, un mot veut dire beaucoup de choses, on dit que c'est un langage agglutinant.

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